samedi 30 janvier 2010

Portrait

Un prof petit

Il s’était assis à côté de celle avec qui on le voyait toujours. Tous les deux se parlaient sans cesse à l’oreille, se regardaient et se souriaient. Elle était grande et mince, les cheveux longs châtains et raides. Souvent vêtue d’un jean’s et d’un tee-shirt moulants, elle était jeune depuis longtemps.
Une ou deux semaines avant ce conseil de classe où je m’étais amusé à les observer, j’avais passé une demi-journée avec lui et une autre collègue. Nous formions tous les trois un jury pour les candidats inscrits au concours d’entrée de notre école supérieure de design. Lui, était petit et ne tenait pas en place, se levant de son siège constamment. Il n’affrontait presque personne de son regard. Il faisait mine de comprendre avec rapidité expédiant les candidats pour en être libéré. Il regardait sa montre très souvent. Il était toujours chaussé de baskets noires ou rouges.
Il sautillait. Un garçon se présenta avec un immense carton à dessin dans lequel étaient rangés ses projets d’affiches. Passionné de graphisme, il nous montrait comment il aimait jouer avec les mots et la typo, comment il était impliqué dans quelques associations de la banlieue nord de Paris. Nous ne pouvions qu’apprécier ses motivations et son dossier. Lorsqu’il quitta la salle, je m’adressais à ma collègue en lui demandant :
« – Alors ? – Ça va, me dit-elle » et je poursuivais en lui disant qu’il était peut-être le meilleur depuis le début de la journée. Elle semblait d’accord mais le petit prof ne l’était pas. Alors il alla chercher l’épreuve plastique réalisée la veille et nous dit :
« - regardez ça ne vaut rien ». L’entretien s’était si bien passé que cette épreuve était excusable d’autant que l’exercice demandé avait consisté à réaliser un volume. La maturité de ce candidat était dérangeante, ses choix aussi, ses origines sans doute, il était sud américain.
Elle écoutait les arguments du petit prof puis elle me regarda en disant :
« - On est deux contre un et on lui met 15 ! ». Il accepta sans rien dire mais en se levant de son siège plus souvent encore, regardant sa montre davantage sans plus donner aucun avis sur les autres candidats. Parfois il allait chercher l’épreuve de celui que nous avions apprécié pour nous dire sans cesse et toujours :
« - Quand même ! 15 » Alors me revint en mémoire le jury que nous formions un an auparavant avec lui et un autre prof. Nous avions reçu une jeune chinoise à qui nous avions posé des questions à propos de son pays, des dirigeants de son pays la Chine, des droits de l’homme etc. L’esprit critique de la jeune fille apparaissait dans son travail graphique, dans son discours bien sûr. Elle se destinait vers le design graphique ou la communication. Nous avions été aussi deux contre un quant à la décision à prendre pour son admission. La réaction du petit prof avait été cinglante.
« Y en a mare des yeux bridés ». Et pour argumenter ces mots et prouver sa raison, il nous dit qu’il connaissait les chinoises mieux que nous pour avoir vécu une histoire d’amour avec l’une d’elles. L’histoire était sans aucun doute terminée !

jeudi 28 janvier 2010

Palmes ensoleillées et palmes fanées

Photographie argentique, tirée au format: 50×50cm sur papier baryté, numéroté en 7 exemplaires

lundi 25 janvier 2010

Observation, évocation

J’attends le train dans la nouvelle gare d’Orléans, je regarde ce nouveau paysage sans penser à rien dans un premier temps puis je pense à ce lieu que j’observe, je pense à son histoire, à l’ancienne gare que j’ai vue construire mais aussi et la première gare dont j’ai vu la démolition pendant que j’étais enfant.
Étudiant à l’école des Beaux-Arts, je faisais le chemin entre le centre ville et le domicile de mes parents, je longeais le paysage de la gare neuve, la prison, le cimetière.
Cela fait plus d’une semaine que nous avons des températures négatives et ce soir la température est clémente, il a plu et les derniers morceaux de neige ont fondu dans l’après midi. Ce soir je n’avais pas froid aux mains dans mes gants de laine. Je pensais au froid de l’autre époque, aux mains glacées qui tenaient le carton à dessin et aux premiers jours de printemps. Faveur du temps qui me faisait voyager. Peut-être était-ce même cette douceur-là qui évoquait tous les ailleurs possibles. Le pays de mon père en premier. Orléans n’était alors qu’une gare, d’où l’on ne pouvait que partir.
Ce soir dans le compartiment deux femmes sont entrées, la première était plus jeune que la seconde. Elle a passé un long moment à lire un article dans un magazine en se décrottant une narine. La seconde notait des choses sur son agenda en se rongeant les ongles.

samedi 16 janvier 2010

Regard sur le monde 1

Chez Jean-Sébastien, visites...


http://www.eyesmile.net/

vendredi 15 janvier 2010

Christian

Portrait aux fenêtres | Décembre 2009

mardi 5 janvier 2010

Caroline

Portrait n°1 | juillet 2009



Portrait n°2 | octobre 2009

Comme souvent, j’étais arrivé en retard et je m’étais dirigé vers la chaise vide la plus proche de la porte. Notre directrice parlait, elle s’interrompit brièvement pour me saluer sans me regarder. Nous étions une douzaine de professeurs autour d’une grande table improvisée avec plusieurs petites, dans une salle de classe au premier étage de notre école.
Je regardais chaque visage, tentais de m’immerger dans le discours. Il s’agissait de nous donner quelques renseignements sur l’avenir des écoles et notamment la notre mais aussi de parler de coordination, d’emploi du temps etc. Face à notre directrice Caroline écoutait, n’hésitait pas à poser une question ou donner un point de vue. Elle était vêtue d’un pull angora, clair et léger. Attentive à ce que disait notre patronne, rien ne semblait la distraire. Parfois elle consultait son iphone sur ses genoux sans s’absenter de la réunion. Je ne prêtais pas attention aux multitudes de gestes des uns et des autres.
Mon propre téléphone vibra dans ma poche. J’avais pensé à couper la sonnerie avant d’entrer dans la salle. Je le sorti de ma poche, dévérouillai le clavier pour lire le contenu du message que je venais de recevoir. Je crus d’abord à une erreur, il me fallu un bref instant pour comprendre que ce message venait de Caroline.
«- Je suis désolée de ne pas t’avoir rappelé. La semaine est passée sans que je m’en aperçoive…»
Sitôt lu j’ai relevé les yeux, Caroline me fit un sourire accompagné d’un clin d’œil. J’avais eu l’impression que ce message venait me réveiller ou que mon téléphone à travers son silence et celui des mots de Caroline était un œil secret, indiscret puisque celle qui me parlait me regardait et me souriait. J’avais eu l’impression d’une indiscipline aussi, nous étions dans une réunion sérieuse et cela me rapprochait des périodes où enfants on se jette un mot écrit sur un bout de papier froissé pendant que l’instituteur ou le prof parle.

samedi 2 janvier 2010

Béatricemyself

Elle a dû quitter l’IAV lorsque j’y suis arrivé pour enseigner la photographie. Et nous nous sommes croisés dans les couloirs de l’école sans en garder de souvenirs. Chaque fois que je vais la voir à Tours, j’essaie de chercher au fond de ma mémoire l’ombre du souvenir de sa présence il y a plus de quinze ans dans l’école où je m’évertue toujours à enseigner.


Portrait n°1 | décembre 2009
Portrait n°2 | décembre 2009
http://beatricemyself.free.fr